Nuit blanche, nerfs en pelote, cerveau en déroute et lit transformé en champ de bataille, il n’y a pas de doute, c’est la lune. Voyage erratique et chancelant en claquant des dents jusqu‘au calendrier pour vérifier: c’est bon, c’est la noire en plus, la pire, et non pas celle qui éclaire paraît-il, contrairement à ce que tout le monde croit.
Et puis on dit aussi que c’est trois jours avant, trois jours après que cela fait de l’effet. Et tiens, il n’y a qu’à regarder les marées. C’est bien la lune qui fait monter et descendre la mer, non ? Et comme nous sommes pleins d’eau, ça bouge aussi chez nous.
D’ailleurs on nous a toujours raconté que dans les hôpitaux psychiatriques, les nuits de pleine lune, ça swingue. Et que les chiens mordent, que les gens se disputent, ont des accidents, se suicident quand ce ne sont pas les assassins qui sont de sortie.
Et ça ne date pas d’hier cette histoire. Aristote, philosophe grec et Pline l’Ancien, naturaliste et écrivain romain, assuraient que la lune perturbait la disposition des molécules d’eau dans le système nerveux. Et que le cerveau était l’organe le plus humide (chez certains, c’est sûr, on entend « floc floc ») et donc le plus vulnérable…
Que du blabla
Et pourtant…tout tendrait à prouver que la lune, c’est une histoire pour faire peur aux enfants, rien d’autre. Ainsi, récemment, un article du New York Times citait une des dernières recherches sur l’influence possible de la pleine lune sur la fréquence des naissances. Conclusion: il n’y a pas de corrélation entre le taux de naissances et les phases de la lune.
En Californie, un astronome, George Abell, a fait remarquer qu’un moustique posé sur notre bras exerce une force gravitationnelle plus puissante que celle de la lune. C’est dire ….
Alors, comment se fait-il que la croyance en un effet des phases de la lune soit si répandue auprès des employés des hôpitaux, ou même des forces de police (en Grande Bretagne) qui sont allées jusqu’à renforcer leurs effectifs les nuits de pleine lune ?
Un article du National Geographic suggère que tout ceci pourrait venir de la mémoire sélective: «Quand il se produit quelque chose d’inhabituel et qu’il y a la pleine lune, les gens peuvent remarquer l’astre et lui attribuer une responsabilité», indique le psychologue américain Eric Chudler.
Certains avancent aussi que les films d’horreur américains peuplés de personnages psychotiques et mettant en scène des évènements sinistres dans des flots de sang, entre coups de couteau et fusillades, n’ont rien fait pour nous enlever ces idées de la tête.
Tout ça c’est bien joli, mais moi, je signe et je persiste : je suis entourée de gens qui m’affirment être perturbés, mal dormir, se sentir mal, irritables ou déprimés à l’arrivée de la pleine lune.
Son influence sur le sommeil
Bon, d’accord, écartons la théorie de la mini marée biologique avec son influence sur le liquide amniotique et tout le toutim. Mais…la chute de température enregistrée lors de la pleine lune pourrait quand même détraquer un peu notre système thermique et émotionnel, non ?
De plus la lumière de la lune (et là il s’agit de la vieille, la blanche, celle qui éclaire) agirait au niveau de l’épiphyse, la sentinelle de notre cycle veille-sommeil.
Conclusion
« On ne devrait pas rejeter comme incroyable la possibilité qu’une recherche suffisamment longue puisse révéler un grain de vérité dans la superstition astrologique », disait sagement le célèbre astronome Johannes Kepler. Et Johannes Kepler vivait au Moyen-âge ! Quelle leçon !
(A lire pour se distraire: boitedependore.com)