Pourquoi se met-on en colère ?
« En dehors du fait qu’elle soit légitime ou pas, la colère est une émotion fondamentale, comme la tristesse ou la joie. En général on se sent agressé, il y a un rapport avec la peur. Parfois ce n’est pas seulement lié au présent, cela réactive une situation antérieure. La maison et le couple sont les deux univers où les conflits éclatent le plus souvent. Le couple peut très vite devenir un espace barbare, il faut vraiment faire attention.
Quels sentiments trouve-t-on derrière la colère ?
La colère est faite pour lutter contre la tristesse. Comme l’agressivité pour combattre la dépression. Elle arrive aussi quand une situation nous échappe, qu’on ne comprend pas. Quand on est en colère contre soi-même, de façon chronique, on va droit à la dépression.
Exploser correspond à des états multiples : c’est aussi bien une manière de projeter sur les autres une responsabilité qui est la sienne, que la conséquence d’une forte déception ou la lassitude de vivre dans le non-dit. Et l’on sera d’autant plus agressif et violent que l’on est vulnérable ou de mauvaise foi.
Peut-on perdre tout contrôle de soi ?
Beaucoup de gens évitent les conflits justement par peur de ne pouvoir se maîtriser, d’aller trop loin. Pourtant il est important de verbaliser sa colère, c’est une façon de prévenir l’autre, ça fait descendre la pression et cela permet de rester dans des limites raisonnables. Il faut se mettre en colère, c’est sain, on vide les abcès.
On ne surmonte pas les conflits en les évitant. Cela ne veut pas dire que nous devons devenir colériques : réservons l’expression de cette émotion à des faits importants, le manque de respect, par exemple, ou l’injustice.
Une bonne colère fait du bien mais il faut respecter 3 règles : pas d’agression physique, pas d’insulte, pas de rancune.
Pourquoi se réfugie-t-on souvent dans le non-dit ?
Par ce qu’on vit dans un monde consensuel, c’est le règne du consensuel mou, il faut être tolérant, tout accepter, on n’a plus le droit à l’opinion, plus le droit de s’exprimer. Il y a une frilosité ambiante, une sorte d’uniformisation qui interdit de se comporter autrement. La colère fascine mais dérange. Depuis des années les thérapeutes s’évertuent à démontrer la nocivité d’une émotion retenue ou excessive. Pour ne pas être mis à l’index, on refoule ses sentiments. Dommage : car une bonne et juste colère, ça recentre et ça fait avancer ».
(A lire : « Vivez bien vos émotions » et « Pourquoi les hommes sont lâches et les femmes imprévisibles » de Gilles d’Ambra, psycho-sociologue.)