L’insomnie se manifeste par des difficultés à dormir la nuit et des problèmes de fonctionnement le jour. Le diagnostic repose sur les symptômes subjectifs du patient.
En France, une personne sur trois déclare souffrir d’un trouble du sommeil et 15 % disent rencontrer des problèmes d’insomnie. Le travail est cité comme la cause numéro un dans les causes du manque de sommeil.
Chez les personnes en manque de sommeil, le fonctionnement du cerveau n’est pas optimisé comme il devrait l’être et ne fonctionne donc pas efficacement pendant la journée.
Les chercheurs s’interrogent sur la cause exacte du phénomène : est-ce l’insomnie qui entraîne ce dérèglement cérébral ou bien le dysfonctionnement cérébral qui est à l’origine de cette insomnie ?
Pourtant selon les scientifiques de l’université de médecine John Hopkins (Etats-Unis), les sujets qui dorment mal ont une plasticité neuronale plus active que les personnes qui n’ont aucun trouble du sommeil. « L’insomnie n’est pas qu’un trouble nocturne, c’est un trouble 24 heures sur 24″, souligne Rachel Salas, professeur-assistant en neurologie à la Johns Hopkins University School of Medicine.
La plasticité du cortex moteur du cerveau vient s’ajouter à d’autres caractéristiques découvertes au cours de précédentes études. En effet, des travaux ont permis de voir que le cerveau des insomniaques présentait d’autres différences comme des niveaux plus élevés de cortisol et une anxiété plus importante. Les chercheurs ont également mis en évidence des effets au niveau de la mémoire de travail.
Inversement, et c’est tout à fait étonnant compte tenu des recherches déjà effectuées, les chercheurs de l’université de Californie à San Diego aux Etats-Unis viennent de démontrer que les personnes qui ont du mal à fermer l’œil de la nuit mémorisent moins bien les choses que les autres. Dans la revue « Sleep« , ils expliquent avoir comparé à l’aide de l’imagerie à résonance magnétique (IRM) le fonctionnement cérébral de 25 personnes souffrant d’insomnie à celui de 25 bons dormeurs.
« Nous avons découvert que les insomniaques n’activent pas correctement les régions cérébrales essentielles à la réalisation de taches de mémorisation. Et ils ne débranchent pas les régions cérébrales non nécessaires à ces taches », résume le professeur Sean Drummond, un des co-auteurs de l’étude, cité par la BBC.
Il semble de toute façon évident que l’on ne doit pas « banaliser » l’insomnie, pathologie répandue et traitée à coup de médicaments, car elle devient souvent chronique, ce qui accentue les risques de maladies physiques comme hypertension et psychiatriques, comme la dépression.
Mais, lorsqu’un patient signale des difficultés de sommeil en présence d’une maladie concomitante, il est souvent difficile de déterminer avec exactitude si c’est l’insomnie ou l’autre maladie ( anxiété, douleurs) qui est arrivée en premier.
La connaissance des mécanismes du sommeil a progressé au cours des dernières années grâce à de nouvelles techniques : imagerie cérébrale notamment l’IRM fonctionnelle, enregistrement de l’activité cérébrale grâce à des électrodes implantées, marqueurs d’activation neuronaux qui permettent d’identifier la nature des neurotransmetteurs impliqués.
Ces éléments combinés aident à reconstituer progressivement les réseaux actifs pendant le sommeil lors des différents stades. Bientôt, de nouvelles techniques permettront d’aller plus loin, notamment l’ (cf l’article sur ce sujet du lundi 16 mars 2015) qui permet « d’allumer » ou « d’éteindre » des neurones sur commande et d’observer leur rôle.
(Sources: www.maxisciences.com/www.topsante.com/www.inserm.fr)