Les adolescents restent connectés à leur baladeur environ 1h à 2h par jour. Or, au-delà d’une demi-heure d’un son de forte intensité, l’oreille a besoin de récupérer, de se reposer pendant une heure. Triste constatation aujourd’hui: 7% de la population souffre de troubles auditifs graves.
L’oreille interne comporte 16 000 cellules: 3 000 permettent d’entendre et les autres sélectionnent les fréquences et amplifient le son. Un son agressif déclenche une hypersécrétion de glutamate (substance qui entre dans la composition d’un des neurotransmetteurs) et modifie la production de dopamine (liquide permettant le passage de l’influx nerveux vers le nerf auditif).
Quand l’oreille est agressée, il y a d’abord une fatigue auditive, une hypersensibilité au bruit, puis un changement de comportement avec de la nervosité. Et en dernier lieu, à force, une perte d’audition sur les fréquences aiguës.
Il faut savoir qu’un bruit commence à être nocif quand il atteint 80 décibels (bruit d’un marteau piqueur), et au-delà (aspirateur, discothèque), il traumatise les cellules, en particulier celles qui se chargent des fréquences aiguës. 30 minutes de ce genre de bruit est un grand maximum.
Selon une étude européenne, entre 5 et 10% d’utilisateurs de baladeurs risqueraient des dommages définitifs de l’audition. La limite actuelle de 100 dB semble en effet bien trop élevée. Toujours selon le même rapport, l’Union européenne compterait entre 50 et 100 millions d’utilisateurs de lecteurs de musique portables au quotidien. Ce qui fait que 2,5 à 10 millions de personnes seraient concernées par ce risque.
Les baladeurs numériques ont bouleversé le comportement d’écoute des Français: ils sont peu encombrants, de moins en moins chers et capables de stocker des heures de musique. C’est l’allongement de la durée d’écoute, favorisé par le format de compression MP3, qui génère le plus de danger. Près de 99% des 15-19 ans savent qu’une écoute à fort volume sur plusieurs années peut endommager leur audition, et 37% rapportent au moins un symptôme de troubles auditifs. Pourtant, un Français sur deux ne fait jamais évaluer son audition.
A ce rythme, la génération actuelle risque de connaître une presbyacousie – baisse de l’audition due à l’âge – précoce : vers 50-55 ans, contre 65 ans aujourd’hui: « le risque est plus sournois, car la nocivité est masquée par le plaisir de l’écoute« , indique le Professeur Christian Gelis de l’Université de Montpellier.