L’apprentissage de la lecture renforce les connexions entre les différentes parties du cerveau, affirment des chercheurs espagnols dans une étude publiée dans le magazine « Nature ».
Le Pr Manuel Carreiras et ses collègues du « Centre basque du cerveau et du langage » ont soumis à des tests des guérilleros colombiens qui ont appris à lire à l’âge adulte.
Cette recherche a permis d’isoler les modifications induites dans le cerveau par l’apprentissage de la lecture. Ce qui n’était pas possible jusqu’à présent en raison de la présence d’autres facteurs environnants dans le développement des enfants.
Les chercheurs ont comparé les échographies cérébrales de 20 Colombiens ayant appris à lire à celles de 22 autres restés analphabètes. La densité de la substance grise dans l’hémisphère gauche du cerveau est plus élevée chez ceux qui ont appris à lire.
Ces zones cérébrales correspondent à celles préalablement identifiées comme servant à la reconnaissance de la forme des lettres et à la traduction des lettres en sons.
La lecture a également renforcé la présence de la substance blanche (partie interne du cerveau et la partie superficielle de la moelle épinière )entre les différentes régions de traitement des informations.
Cette étude semble indiquer que certaines anomalies des dyslexiques, chez qui des moindres quantités de substances grise (zones du système nerveux central contenant les corps des neurones) et blanche ont été relevées, seraient la conséquence, et non pas la cause, de l’incapacité de lire.
L’activité cérébrale
De même, une autre étude a été menée sur 63 adultes volontaires diversement alphabétisés au Portugal et au Brésil. Leur activité cérébrale a été analysée par IRM tandis que les chercheurs leur présentaient une batterie de stimuli : phrases parlées et écrites, mots parlés, visages, maisons, objets, damiers…
Lorsqu’on leur a présenté des phrases écrites, les individus sachant lire ont montré une augmentation de l’activation de plusieurs zones de leur cerveau par rapport aux analphabètes.
Ces modifications ont été observées dans diverses aires dédiées au traitement de l’information visuelle (en particulier celle qui est spécialisée dans l’analyse de la forme des lettres), et dans l’ensemble des régions de l’hémisphère gauche impliquées dans le traitement du langage parlé.
La lecture provoque également une extension des aires dédiées au traitement du langage et une communication réciproque entre les réseaux du langage parlé et écrit : chez un bon lecteur, voir une phrase écrite active l’ensemble des aires du langage parlé.
Inversement, entendre un mot parlé permet de réactiver rapidement son code orthographique dans les aires visuelles.
Le cortex se réorganise
A quoi était initialement destinée l’aire visuelle de l’hémisphère gauche, partie du cerveau qui décode les mots écrits chez les lecteurs ?
Chez les analphabètes, cette zone s’active en réponse à une fonction proche : la reconnaissance visuelle des objets et des visages.
Or, l’étude de sujets présentant des degrés d’apprentissage différents en lecture a permis aux chercheurs de conclure que la réponse aux visages diminue légèrement à mesure que la compétence de lecture augmente. D’autre part, l’activation par rapport aux visages se déplace partiellement dans l’hémisphère droit.
Le cortex visuel se réorganise en partie, par « compétition » entre l’activité nouvelle de lecture et les activités plus anciennes de reconnaissance des visages et des objets.
Par ces recherches, les scientifiques ont démontré le grand impact de l’alphabétisation.
(Sources : Le monde de l’intelligence / L’Inserm )