Le 13 février, France 3 a diffusé un téléfilm « Le Pain du diable », dont le scénario est basé sur une affaire qui s’est passée il y a plus d’1/2 siècle.
Le 16 août 1951, un terrible empoisonnement frappe la petite ville gardoise de Pont-Saint-Esprit : plus de 300 personnes tombent malades. Parmi eux, une trentaine sont pris de démence et internés en hôpital psychiatrique. Une semaine plus tard, 5 habitants meurent intoxiqués.
C’est la panique dans la petite ville. Mais très vite, tout désigne la boulangerie Briand. C’est le pain fait par le boulanger qui a provoqué des nausées, des douleurs gastriques, des brûlures d’estomac, vomissements et maux de têtes. Sans parler des « convulsions démoniaques », des hallucinations et des tentatives de suicide.
« Faute de connaître le nom du mal, on veut connaître celui de l’homme responsable. Les versions les plus abracadabrantes circulent. On accuse le boulanger, son mitron, puis l’eau des fontaines, puis les modernes machines à battre, les puissances étrangères, la guerre bactériologique, le diable, la SNCF, le pape, Staline, et l’Église.» ( Steven L. Kaplan, « Le pain maudit de Pont-Saint-Esprit »)
Les Spiripontains applaudissent l’arrestation d’un meunier poitevin, fournisseur de la farine employée à Pont-Saint-Esprit, incarcéré à Nîmes.
Aujourd’hui, près de soixante ans après les évènements de Pont-Saint-Esprit, on ne sait toujours pas à quoi les attribuer. Cliniquement, les symptômes étaient ceux d’une forme mixte d’ergotisme ou « mal des ardents ».
Voici les quelques hypothèses émises, parmi lesquelles aucune n’a été vraiment retenue :
L’hypothèse « ergot de seigle » : En 1951, le corps médical avait estimé que le « pain maudit » avait pu être contaminé par de l’ergot de seigle, un champignon parasite des graminées. Ce diagnostic n’a jamais pu être vérifié
L’hypothèse « Panogen (r) » : On a pensé à une intoxication par un produit utilisé pour la conservation des grains ayant servi à faire la farine. Cette piste a fini par être abandonnée dans les années 60.
L’hypothèse « mycotoxines » : En 1982, le Pr Moreau, toxicologue spécialiste des moisissures, a émis l’hypothèse que l’intoxication de Pont-Saint-Esprit aurait pu provenir de substances produites par des moisissures pouvant se développer dans les silos à grain.
L’hypothèse « LSD 25 » : Dans un livre (A terrible mistake) publié aux États-Unis en octobre 2009, un journaliste américain avance que la CIA aurait testé le LSD comme arme de guerre par pulvérisation aérienne sur la ville de Pont-Saint-Esprit.
La Gazette, hebdomadaire nîmois, ainsi que L’Express, ont fait état de cette thèse. Les hallucinations qui accompagnent les convulsions de l’ergotisme sont similaires à celle déclenchées par le LSD . Petit souci : le LSD ne donne pas de troubles digestifs tels que les nausées, brûlures d’estomac, ou vomissements.
Le mystère demeure. Pourquoi le pain, le bon pain de chez nous a-t-il tué et rendu fou ? Peut-être un spiripontain voudra-t-il me donner quelques détails supplémentaires sur cette sombre affaire ?