On a souvent tendance à se rajeunir. Surtout nous, les femmes, évidemment avec nos rides, notre double menton, nos cheveux blancs, et tout le reste, que peut-être nous finirions par accepter sereinement si les hommes étaient moins durs.
Je m’entends : si le regard des hommes était moins dur, s’ils avaient notre tendresse qui nous fait contempler avec attendrissement la petite calvitie, le bidon qui pointe au-dessus de la ceinture ou les fanons juste au-dessus du col de la chemise…
Deux poids, deux mesures. Sans oublier bien sur les dictats d’une mode impitoyable qui veut qu’à 50 ans on ait la peau d’une fille de 25 ans, sa silhouette et son éclat.
Pour certains, la culpabilité et les petits mensonges commencent très tôt, aux alentours de la trentaine. Après 55-60 ans, il n’est pas rare que les femmes se donnent 15 ans de moins.
Attention, ceci ne veut pas dire qu’elles avouent 15 ans de moins. C’est l’âge qu’elles ont dans leur tête, ce que l’on appelle « l’âge perçu ou subjectif ». Psychologiquement, cela correspondrait à une façon de se protéger et de garder intacte l’image que l’on a de soi.
Et ce comportement, avec des variantes dans la perception de l’âge subjectif, concerne tout le monde, autant les hommes que les femmes. Quel est le quinquagénaire fringant qui n’a pas déclaré un jour : « dans ma tête j’ai toujours 20 ans » ?
Evidemment, personne n’ignore certains signes physiques du vieillissement, même s’ils sont mineurs.
« Quand je fais un peu la fête, oh, rien de terrifiant, juste aller au théâtre par exemple et faire un bon dîner un peu arrosé entre amis, déclare Anne-Marie, 54 ans, expert-comptable, je me couche vers 2H du matin. Et bien le lendemain, j’ai du mal à travailler. Je me traîne lamentablement, j’ai brusquement l’impression d’avoir pris 10 ans d’un coup et il me tarde d’être au soir, bien dans mes pantoufles ».
Mais d’une façon générale, aujourd’hui, les seniors, et plus spécialement les 55-60 ans, se sentent en pleine forme. Ils vivent comme avant, ou presque.
Du coup, ils sont très attentifs à leur apparence physique : les hommes soignent leur tenue vestimentaire, achètent des voitures puissantes, ont beaucoup d’amis, sortent souvent.
Les femmes, très soucieuses de leur corps, s’habillent plutôt glamour, fréquentent les instituts de beauté et les clubs de gymnastique, dépensent en cosmétiques et parfums. Seuls ou en couple, ils aiment voyager et choisissent des destinations exotiques. La retraite les préoccupe peu, mais ils s’en occupent. Les publicités pour les conventions d’obsèques, l’assurance vie ou les médicaments contre l’arthrite, ça ne les concerne pas vraiment. Ce sont des hédonistes, ils sont gourmands et gourmets et entendent bien savourer les petits plaisirs de la vie.
Le fait de se rajeunir inconsciemment, de se « sentir jeunes » révèle des traits de caractère communs à ces éternels adolescents : l’audace, l’appétit de vivre et un grand sens de l’humour. Ce que, finalement, on pourrait appeler « la légèreté de l’être ».