En français, l’addiction, c’est la dépendance. On peut être dépendant, addict ou accro au chocolat, au sport ou au sexe.
Justement, plus de 6% de français seraient obsédés par le sexe. Telle cette jeune personne, présente lors d’un groupe de parole des Dépendants affectifs et sexuels (DASA) qui raconte qu’elle envoie 10 textos en 3mn à un homme qui lui résiste. Ou celle-ci qui a enchaîné plus de 80 conquêtes, pour se rassurer, voir si son pouvoir de séduction est intact. Ou cet homme de 50 ans, en sevrage, qui n’a que des femmes d’un soir, plus de deux cents, avoue-t-il piteusement.
En effet, cocaïne, tabac et alcool ne constituent plus le trio gagnant. En mai, lors d’un colloque, la Fédération Addiction (née en janvier 2011) a pu déterminer que 1 à 8% des français sont dingues de shopping et 6% de sexe. De son côté, l’Inserm a dénombré entre 600 000 et 1,8 million de joueurs pathologiques.
Internet met le turbo, tout va plus vite, acheter, vendre, jouer, consommer, regarder, écouter, zapper…notre société ne veut plus être frustrée, nous voulons tout, tout de suite. Le problème s’installe quand cela devient obsessionnel, incontrôlable : par peur du manque, on adopte un comportement répétitif qui crée le manque.
Pourquoi court-on ? Mais oui, je répète, pourquoi court-on ? Je veux dire, pourquoi fait–on un footing quotidien ? Parce que sinon, on va passer une journée ignoble, se sentir gros, mal dans sa peau. Le footing, c’est comme une dose, c’est de la dope, et plus ça va, plus on veut être performant.
« Certains courent tous les jours, souligne le psychanalyste Toubiana, sinon leur journée est infecte, même si c’est au détriment de la famille et du couple ».
De même le drogué de travail a besoin d’être sous pression en permanence. 5% des actifs ne peuvent se passer de leur boulot, quitte à se mettre en danger. Le « workaholisme » se caractérise donc par une présence abusive ou une recherche frénétique de la performance ou de la productivité. L’état pathologique de dépendance auquel il conduit peut avoir des conséquences sur la personne ou sur son entourage professionnel ou familial.
Il peut être à l’origine de stress, de surmenage, d’épuisement professionnel, voire de pression ou de harcèlement professionnel pour les collaborateurs.
Les causes des addictions
-Parmi les facteurs psychologiques, on peut citer la recherche de plaisir ou de bien-être, le besoin de compensation ou de faire face à des situations difficiles (professionnelles ou privées)…
–Au niveau biologique, c’est le « système de récompense » de l’organisme qui est à l’origine de la dépendance. La consommation de certains produits procure une sensation agréable qui stimule la production de neurotransmetteurs dans le cerveau, entraînant une augmentation de la dopamine (hormone du plaisir). Ce « plaisir facile » court-circuite en quelque sorte le fonctionnement cérébral habituel. Avec le temps, le cerveau s’habitue à ces concentrations élevées de dopamine qui deviennent indispensables. L’individu est alors « prisonnier » du produit ou d’un comportement, seul capable de lui procurer du plaisir.
–Au niveau social, l’environnement privé (isolement, ennui, incompréhension, mal-être, hostilité de l’environnement…) peut constituer un facteur. Par ailleurs, pour compenser ou mieux faire face à des conditions de travail perçues comme difficiles (contraintes fortes de productivité, postes de travail à risques élevés ou à fortes responsabilités…), un individu ou un collectif de travail peut être amené à croire que la consommation occasionnelle d’alcool, de médicaments, ou de cannabis peut l’aider à se sentir mieux ou à être en mesure de tenir son poste.
Cette stratégie d’adaptation, conjuguée avec les facteurs individuels développés plus haut (psychologiques, biologiques), peut ainsi le conduire à une conduite addictive.
Personne n’est à l’abri d’une conduite ou d’un comportement addictif: vous vous sentez seul(e) et commencez à surfer sur les sites de rencontre, warning ! Vous intégrez un groupe de joueurs de cartes passsionnés, et vous les rejoignez plusieurs fois par semaine, warning ! Vous faites de la marche active parce que cela vous permet de dépenser une énergie qui, sinon, et c’est vous qui le dites, vous boufferait, warning !
Ouh la, que faire, comment faire, c’est grave docteur ? Oui et non. Comme disait Lao Tseu (contemporain de Confucius, père fondateur du taoïsme), restons dans le « juste milieu », ni trop, ni trop peu !
(Adresse utile : Fédération Addiction, Tél. : 01 43 43 72 38 – INRS, Tel : 01 40 44 30 00)