En 1771, “broyer du noir” signifiait “digérer” puisqu’à cette époque on pensait que l’estomac écrasait les aliments à la manière d’une meule.
La croyance, erronée, venait de l’Antiquité, et affirmait que les accès de mélancolie étaient provoqués par la sécrétion de bile noire lors de la digestion (d’où l’expression “se faire de la bile” qui signifie se faire du souci).
C’est au XIXe siècle que l’expression “broyer du noir” a pris son sens actuel, c’est-à-dire “se laisser aller à des idées tristes”.
La tristesse est un sentiment flottant, que nous portons en nous comme un virus dormant, et qui se manifeste quand nous éprouvons un manque affectif ou une impression de solitude. La tristesse se tient à l’arrière-plan, prête à apparaître dés la moindre épreuve.
La tristesse est une émotion naturelle, une émotion négative comme la peur ou la colère.
Etre triste est un état normal, en réponse à un échec (professionnel), à une rupture, une absence, une fatigue morale…
Mais il ne faut pas confondre tristesse et dépression, la première ne traçant pas la route de la deuxième. Et si pleurer peut faire du bien, mieux vaut ne pas trop s’apitoyer sur soi-même.
Un enfant éprouve très tôt de véritables sentiments de tristesse. L’insécurité, des mots violents, des cris, le sentiment d’une injustice peuvent réveiller cette émotion.
S’il est naturel de se sentir triste de temps en temps, il n’est pas normal d’être habituellement triste, et encore moins de se plonger dans sa tristesse.
La culture de la tristesse, très prisée dans la musique, la poésie ou la peinture, manifeste (ou voudrait manifester) une blessure de l’âme et, par un raisonnement un peu déviant, une sorte de beauté due à cet état de frustration ou de blessure. Et nous nous laissons prendre car pleurer sur les autres, en fait, nous permet d’évacuer une petite tendance à la morosité sans vraiment nous sentir concernés.
La tristesse est une émotion. Comme toutes les émotions elle se caractérise par une évolution. Une émotion est brève. Elle agit dans le corps puis perturbe l’esprit mais cette émotion qu’est la tristesse ne dure pas. On doit accepter cette émotion, la ressentir pour l’évacuer ensuite. C’est une énorme pression qui prend tout le corps en otage. Les pleurs sont souvent salvateurs et permettent de soulager un peu la douleur.
En fait la tristesse fait souvent peur. Pour beaucoup de gens, un chagrin intense ou prolongé est synonyme de dépression. Mais la peine est-elle une émotion dangereuse ?
Accepter sa tristesse, c’est accepter une certaine vulnérabilité. Ceux qui craignent leur sensibilité peuvent transformer la tristesse en colère. Ils se concentrent alors sur l’objet, la personne ou l’événement qu’ils considèrent responsable de leur frustration et l’attaquent (en pensée, en parole ou en action).
On peut devenir obnubilé par ce qu’on juge être le responsable de notre insatisfaction et perdre tout contact avec le besoin. Ce genre de détournement de l’attention donne lieu à des joutes interpersonnelles aussi stériles qu’interminables.
La tristesse est l’une de nos six émotions fondamentales définies par Darwin et admises depuis par l?ensemble de la communauté scientifique. Au même titre que la joie, la colère, la surprise, la peur et le dégoût. La tristesse, qui est l’expression d’un désordre psycho-affectif important, a une fonction vitale en ce sens qu’elle permet au corps d?évacuer les tensions négatives accumulées.