Bise, bisou ou baiser ? Biz ou kiss ? Petit baiser sur le front, ou baiser appuyé bouche fermée . Une, deux, trois, quatre bises sur les joues ? Baiser prolongé, « à la française », le fameux « french kiss« , avec la langue ?
Une chose est certaine : selon l’anthropologue américaine Helen Fisher de la Rutgers University à New-York, on s’embrasse dans environ 90 pour cent des cultures humaines, et comme le signale Williams Phillips du Collège Davis and Elkins en Virginie, c’est le comportement qui correspond certainement le mieux aux mots « je t’aime » dans nos relations sociales. Pour Phillips, cette pratique du baiser sur les lèvres serait d’ailleurs un reflet de la bonne santé des relations sociales.
D’une certaine façon, nous serions faits pour le baiser et sans aller jusqu’au contact buccal, il serait recommandable, pour la sérénité des relations sociales, de se faire la bise aussi souvent que nous le pouvons.
La psychologue Susan M. Hughes de l’Albright College à Reading en Pennsylvanie, a observé que les femmes attachent plus d’importance au rôle des bises, bisous et baisers dans les relations sociales et amoureuses. En outre, cette chercheuse a montré que, alors que les hommes trouvent que les petits bisous au sein du couple sont de moins en moins importants à mesure que dure la relation, les femmes estiment au contraire qu’il faudrait intensifier cette pratique. Celles-ci sont en effet en quête d’informations olfactives et sensorielles (de type tactile) pour évaluer autrui et notamment un potentiel partenaire masculin, et donc elles multiplient les situations permettant d’obtenir des informations. Or, faire la bise oblige à se rapprocher et à toucher l’autre, et donc à délivrer ces précieuses informations…
Les Français se « bisouillent »
Les Français se font très souvent la bise, et pas seulement dans les conditions de forte intimité ou de relation familiales : au bureau, dans une soirée…De fortes disparités régionales existent dans cette pratique et des enquêtes ont révélé que si l’on se fait une seule bise à Marseille, on s’en fait aisément quatre à Clermont-Ferrand. La règle étant souvent d’en faire deux… Il faut croire que la pratique séduit, car les mêmes enquêtes montrent que les garçons des jeunes générations se font de plus en plus une bise entre eux, notamment dans le sud de la France.
Pour les psychologues, ce comportement revêt une signification. Il livre des informations sur ce que nous sommes, notre culture et le sens que nous donnons à de tels comportements d’interaction.
En France, on se « bisouille » beaucoup et c’est une chose que ne manquent pas de remarquer les personnes étrangères qui viennent chez nous. Helen Fisher considère d’ailleurs que c’est par le baiser que l’on apprend à toucher l’autre. Au fil de ses observations de terrain, elle a constaté que les enfants embrassés fréquemment durant leur jeune âge sont ultérieurement des adultes qui recherchent le contact tactile.
Or, on sait – comme l’a montré le psychologue américain Sidney Jourard de l’Université de Floride – que les Français se touchent beaucoup dans leurs relations sociales à l’âge adulte. Les myriades de baisers reçus dans l’enfance ont ainsi forgé « l’animal de contact » que l’on devient à l’âge adulte.
Le « french kiss »
Parfois la bise initiale devient un baiser sur les lèvres puis un baiser langoureux. Là encore, la recherche scientifique révèle les effets positifs du baiser sensuel. Contrairement à une idée reçue, il faut savoir que le premier baiser amoureux est une expérience plus positive pour un homme que pour une femme. Pamela C. Regan et ses collègues de l’Université d’état de Californie à Los Angeles, ont en effet montré que les hommes manifestent plus d’émotions positives pour leur premier baiser alors que les filles déclarent plus fréquemment avoir ressenti de l’angoisse avant, pendant et même après leur premier baiser. Les femmes vivent des expériences plus positives liées au baiser lorsqu’elles sont convaincues d’être amoureuses.
Les hommes, de leur côté, apprécieraient le premier baiser pour la sensation qu’il procure. Cette notion est cohérente avec les recherches réalisées sur d’autres dimensions de la vie amoureuse, lesquelles indiquent que les hommes manifestent en général un intérêt plus marqué pour les aspects physiques d’une relation, les femmes ayant besoin d’un socle affectif avant de rechercher le plaisir physique.
L’impact sur la santé
Quand on embrasse, le rythme cardiaque augmente et se stabilise à environ 110 battements minute, ce qui constitue un rythme intéressant pour muscler son cœur et le rendre endurant. En outre, la capacité respiratoire est augmentée à la suite d’un baiser et les mêmes recherches ont montré que l’augmentationdu nombre de baisers réduit les problèmes digestifs, urinaires, sanguins et dentaires.
S’embrasser abaisse la concentration de cholestérol et de cortisol (hormone du stress) et améliore la confiance en soi et le sentiment de satisfaction. Autre atout: la capacité respiratoire est augmentée et la capacité cardiaque renforcée.
Et si embrasser langoureusement permet de brûler 2 fois plus de calories qu’en temps normal, le coeur bat la chamade à plus de 100 pulsations minute et la température du corps monte très sensiblement.
Enfin, si l’on a décidé de perdre quelques kilos à l’approche de l’été et des plages, les biologistes recommandent de compléter sa cure alimentaire par des séances quotidiennes de baisers avec la personne aimée. Bryant Stamford, de l’Université de Louisville, a constaté que lors d’un baiser passionné, les deux protagonistes brûlent deux fois plus de calories par unité de temps.
Le psychisme n’est pas en reste, en témoigne Joy Davidson, psychologue clinicienne à Seattle : elle affirme qu’en demandant à ses patients de donner davantage de baisers à leur compagnon ou compagne, elle obtient de meilleurs résultats en thérapie.
Se concentrer pour embrasser
D’un point de vue cognitif, elle considère que donner des baisers réclame une telle implication émotionnelle de la part des partenaires que l’individu anxieux ne peut plus penser au problème qui l’occupe et qui suscite son l’anxiété. Or, pour cette psychologue, le bisou et surtout le baiser se caractérise par le fait qu’il est impossible de faire autre chose en même temps ni de penser à autre chose, ce qui n’est pas le cas de nombreuses autres activités (on peut conduire et penser à ses problèmes).
De fait, dans le baiser, l’individu apprendrait à se distancier de ses soucis et à se focaliser sur les plaisirs du temps réel. En évacuant momentanément un souci de ses pensées, il apprend à le percevoir différemment et, enfin, à se libérer l’esprit quelque temps pour y trouver des solutions.
Cette thérapeute n’a pas hésité, auprès de centaines de patients, à recourir à cette pratique dans le cadre de thérapies pour lutter contre l’anxiété et le stress.
N’ayons pas peur de faire la bise pour améliorer nos contacts sociaux, et encore moins de cultiver ces signes d’affection en famille. Les bénéfices nets sont incontestables, et la présence de l’autre en sera d’autant prolongée : en effet, un chercheur allemand a constaté que les couples où l’on pratique le plus souvent les bises, bisous et baisers sont également ceux qui vivent les plus vieux…
La géographie du baiser
-Dans la majorité des régions de France, on pratique 2 bises, en commençant généralement par la joue droite.
-Dans l’est de la France et une partie de la Provence, on pratique 2 bises en commençant généralement par la joue gauche.
Dans la région de Brest, il est de coutume de ne faire qu’une bise.
-Dans le Massif central, les départements de la Drôme, l’Hérault, le Gard, en Vaucluse, dans la région d’Arles et les Hautes-Alpes, on pratique généralement 3 bises.
-En Poitou, on pratique généralement une seule bise.
-Dans le Bassin parisien, en Normandie, en Champagne, le Centre et les Pays de la Loire, on pratique 2 ou 4 bises, en commençant généralement par la joue droite.
-Au Luxembourg et en Suisse romande on pratique généralement 3 bises.
-En Belgique francophone, on pratique généralement une seule bise mais le nombre varie selon l’endroit. Ainsi, par exemple, « à Charleroi, c’est trois, à Tournai, c’est quatre, à Namur, c’est deux. »
-Au Québec, où la pratique ne s’est généralisée que depuis quelques décennies, on donne 2 ou parfois 3 bises en commençant par la joue gauche tout en se serrant la main droite.
-En Serbie, le nombre de bises doit être impair. La seule exception est lors des évènements tristes, notamment les funérailles, où le nombre de baisers est alors pair. (Source : Wikipedia)
A lire: « La science du baiser : ce que nos lèvres nous révèlent ».