Comment rompre la solitude et trouver une oreille attentive quand on n’a aucun ami ? Au Japon, un ancien coiffeur a créé un service d’écoute payante, le « Kiki Jozu Club », où, pour 9 euro les 10 minutes, les âmes en détresse peuvent confier leurs peines, raconter leurs problèmes familiaux ou professionnels à de parfaits inconnus.
Voici l’histoire, racontée dans « Courrier International », de Makoto Asami, conducteur de d’engins de chantier âgé de 39 ans.
« Après une longue journée de travail, Makoto Asami, un conducteur d’engins de chantier de la préfecture de Saitama, au nord de Tokyo, rentre chez lui et prend son téléphone. Il compose le numéro du Kiki Jozu Club, un service d’écoute payante. Makoto Asami demande toujours à parler au responsable, Yuzo Kikumoto, un homme de 51 ans. Il n’a jamais vu son visage qu’en photo mais le considère pourtant comme un ami très intime. C’est sans doute la personne qui le connaît le mieux au monde.
Le premier appel remonte à quatre ans. Craignant que la facture ne soit trop salée, il avait utilisé une carte prépayée. “J’ai divorcé”, avait-il dit. “Pourquoi ?”lui avait répondu Yuzo Kikumoto. A sa grande surprise, il avait pu se confier sans grande difficulté. C’est ainsi qu’il prit l’habitude de l’appeler plusieurs fois par mois, la plupart du temps pour se plaindre de son travail.
Yuzo Kikumoto, responsable du Kiki Jozu Club, est un ancien coiffeur qui a toujours su que l’écoute était quelque chose d’important. En 2006, quand l’augmentation des cas de dépression a défrayé la chronique, il a créé sa ligne d’écoute. La plupart de ceux qui appellent sont des gens ordinaires, qui ont une famille, des amis et un travail. Aujourd’hui, Yuzo Kikumoto a plusieurs milliers de clients, et les lignes d’écoute semblables à la sienne se multiplient. Même si son activité marche bien, il ne peut s’empêcher de ressentir une certaine tristesse. “Ils ne veulent pas passer pour des gens désagréables ou sinistres. Ils gardent tout pour eux, de peur de paraître lourds aux yeux des autres. » explique-t-il.