« Mais où il est le bébééé ? » , « et qu’est-ce qu’elle fait làààà, Maaaman ?« , « Oh, le joli petit ventre rond, à qui il est ce petit veeentre ?« . Ridicule, disent les uns en haussant es épaules, nul pensent les autres. Pour certains psys, le fait de «parler bébé» à son enfant, sous prétexte qu’il ne peut pas tout comprendre, engendre des traumatismes difficilement récupérables.
«Il va boire son lolo, c’est l’heure de son miam-miam», ou le «parler petit nègre», serait une bonne idée pour abrutir son enfant. Des parents ont même écouté la manière de parler des enfants pour pouvoir la reproduire, comme s’il existait une langue « Bébé », comme le Français ou l’Anglais. Cela donne un vocabulaire comique quand les parents ne s’adressent à l’enfant, voire entre eux en sa présence, qu’au travers de cette nouvelle langue.
Comme dans la bouche du bébé, crocodile devient crocrodile, voiture-tuture, et que balançoire se transforme en balanchoire, les parents anticipent et s’expriment avec ce langage là dès la naissance de l’enfant. Il entend donc ce qu’il est censé mal prononcer plus tard comme étant le bon mot.
Finalement c’est le parent qui s’infantilise lui-même. Une régression qu’il effectue pour lui indirectement et qui le renvoie à son propre vécu. L’adulte se trouve tellement dépourvu de tous ses moyens lorsque l’enfant pleure et qu’il ne comprend pas ce que ces pleurs signifient, qu’il essaie de communiquer par l’intermédiaire d’un langage animal: il croie se mettre au niveau de l’enfant, alors que le bébé ne demande qu’à se mettre au sien.
Pourtant, le fait de « parler bébé » en rallongeant les syllabes, permettrait une meilleure mémorisation que le langage adulte. Les phrases sont plus segmentées, il est plus facile d’enregistrer et de comprendre le début et la fin d’un mot. Une étude menée par des psychologues américains de l’Université de Pennsylvanie, a fait le test sur deux groupes de bébé, en leur faisant écouter un langage adulte et un langage bébé. C’est à ce dernier que les enfants se sont montrés plus réceptifs.
A partir d’un an, il vaut quand même mieux éviter de « parler bébé ». Dès qu’il commence à prononcer des mots, s’il les déforme, il est souhaitable de le reprendre doucement, en répétant plusieurs fois, mais sans jamais s’acharner pour ne pas le bloquer. L’affectif compte pour beaucoup dans l’apprentissage du langage. Attention à ne pas trop intellectualiser et être surtout aimant. Le langage passe aussi par le les sourires et les câlins…