Vous aimez le camembert ? Vous dévorez du fromage de brebis tous les jours ? Le Pont l’Evêque vous rend fou ? Ce n’est plus de la gourmandise, c’est une addiction. Et selon une étude de l’Université du Michigan aux États-Unis, cette addiction au fromage serait comparable à celles du tabac, de l’alcool et des drogues. Dur à avaler pour nous, français !
La faute à la caséine
Du Crottin de Chavignol au Gouda en passant par le Bleu de Bresse, tous nos fromages contiennent de la caséine, protéine que l’on trouve aussi dans le lait. Selon un médecin spécialisé dans les addictions, lors de la digestion, elle se dégrade et libère de la casomorphine.
En fait, la caséine du lait, très présente dans le fromage, active le fameux « circuit naturel de la récompense » du cerveau, et provoque une sensation de plaisir et de réconfort. La dopamine, messager chimique du plaisir, déclenche une mémorisation du stimulus agréable. Ce qui nous amène à répéter un comportement nous procurant du plaisir. Fromage, ou chocolat ou gâteau, mon cerveau enregistre. Les fois suivantes, le système de récompense s’active immédiatement à la vue de l’aliment en question. On en a envie, on est « conditionné ».
Addiction ou plaisir ?
La casomorphine agit directement sur le cerveau et possède des propriétés apaisantes. Ses effets sont tels que certains scientifiques américains les comparent à ceux de l’opium ou de la morphine. Ce qui induirait une dépendance psychique et physique.
Les drogues activent le circuit cérébral de la récompense, et entraînent une augmentation de la libération de dopamine, d’où la sensation de plaisir. Au fur et à mesure de la répétition du comportement, les divers circuits cérébraux impliqués vont se désynchroniser. Il y a une perte de la motivation et du contrôle, et une recherche de la récompense immédiate, apprise à force de répétitions.
D’où, à court ou long terme, les souffrances liées à ce que les anglo-saxons nomment le « craving », l’envie intense et incontrôlable de consommer une substance.
L’addiction alimentaire
L’addiction alimentaire est un phénomène bien identifié par les scientifiques. La dépendance au sucre, aux aliments salés ou gras, fait les beaux jours de l’industrie agro-alimentaire qui s’en sert pour concevoir des produits toujours plus attrayants.
Pour les médecins de SOS Addictions, l’addiction alimentaire est une maladie du cerveau.
« Perte de contrôle, compulsion, besoin irrépressible de manger, on sait qu’il ne faut pas le faire, qu’il y aura des conséquences, en particulier sur le poids, mais on a beau le savoir, on n’y arrive pas. »
C’est grave docteur ?
Les troubles des conduites alimentaires appartiennent donc bien au domaine de la pathologie addictive. Mais selon le Docteur Philip Gorwood, psychiatre spécialiste des addictions à l’Hôpital Sainte-Anne à Paris, « la différence entre la nourriture et la drogue est majeure : la première active naturellement le circuit de la récompense et entraîne donc une libération de dopamine contrôlée. Alors que les opioïdes par exemple le détournent et augmentent artificiellement la sécrétion de ce neurotransmetteur »
L’agence européenne de protection alimentaire (EFSA) a analysé les effets de la casomorphine sur la santé. L’’addiction au fromage existe bien, mais sa nocivité est bien moindre que les addictions aux drogues. Alors mangeons du fromage, sans excès, et rappelons-nous ceci : la consommation d’aliments trop gras et/ou trop sucrés augmente le risque de maladies non-transmissibles, comme le diabète, la cancer ou les maladies cardiaques…
(Sources : https://www.sciencesetavenir.fr– https://theconversation.com– https://www.cairn.info– https://www.passeportsante.net/–https://www.leparisien.fr)