Depuis toujours j’entends dire que le ver de terre, ce truc rouge dégoutant qui se tortille, repousse si on le coupe en deux, comme ça, crac, avec un sécateur au jardin par exemple.
L’expérience est cruelle, je l’ai faite. Les 2 morceaux continuaient à remuer, et c’était tellement affreux que je suis partie.
En fait, je sais maintenant que la partie la plus longue a dû repousser de façon à reconstruire un ver de terre entier et que le lombric (son vrai nom) ne gardera aucune séquelle de son accident. La partie courte est morte.
La régénération du ver de terre
Le corps du ver de terre est fait d’anneaux successifs qui permettent à l’organisme de ramper. Tous les segments sont pratiquement semblables, à l’exception du premier, le « prostomium », qui porte la bouche, et le dernier, le « pygidium » qui porte l’anus.
Le ver de terre est un invertébré, il n’y a donc pas d’os cassés lorsqu’on le coupe en deux. De plus ses organes sont regroupés près de la tête. Pour garder l’animal en vie, il faut donc lui laisser de sa tête jusqu’à son « clitellum ». Le clitellum étant un anneau rose assez visible sur les vers de terre.
On ne distinguera aucune cicatrice car celle-ci est la preuve d’une désorganisation des cellules reconstruites, or les cellules du lombric se régénèrent complètement et de façon organisée pour reformer les membres coupés.
La capacité du ver de terre à repousser est appelée la régénération. Il n’est pas le seul à pouvoir le faire : les mollusques, crustacés, insectes, tritons, têtards et lézards peuvent aussi reconstruire leurs organes amputés. Certains animaux encore plus petits comme l’hydre d’eau douce sont même capables de produire deux hydres quand ils sont sectionnés !
Pourquoi parler d’un ver de terre ?
Très franchement, c’est sans grand intérêt au premier abord. Mais le phénomène de régénération intéresse beaucoup les instituts pharmaceutiques, les médecins et les neuro-scientifiques.
D’une part pour la régénération des cellules de la peau, d’autre part pour la capacité à recréer un organe entièrement, car il n’y aurait plus alors de prothèses, ni de problème de rejet de greffe, ou même de cicatrices …
Ces animaux incroyables
-Le petit poisson-zèbre est un « objet » d’études pour les biologistes. Comme ses nageoires et sa rétine, son coeur, lui aussi, peut se régénérer. Amputé de 20 %, il recouvre en deux mois sa forme initiale et sa fonction, car les cellules cardiaques se mettent à proliférer à la périphérie de la blessure et reconstruisent l’organe.
-L’Axolotl est un amphibien originaire du Mexique. L’Axolotl veut dire « chien d’eau » en nahuatl (langue parlée par les Aztèques).
Une des particularités de l’axolotl est sa capacité à régénérer des organes endommagés ou détruits. Il est non seulement capable de reconstituer par exemple un œil manquant, mais il peut aussi recréer certaines parties de son cerveau si elles ont été détruites. Sa tolérance aux greffes est également exceptionnelle.
-La salamandre peut régénérer ses membres, son cœur, sa queue, ses yeux, ses reins, son cerveau et sa moelle épinière pendant toute sa vie.
-La grenouille peut régénérer les membres, la queue, le cerveau et les yeux, au stade du têtard mais pas au stade adulte.
Et les hommes ?
Certaines parties de notre corps ont la capacité de s’auto-réparer de manière efficace après avoir subi des dommages. À l’âge adulte, l’être humain peut régénérer certains organes comme le foie. Si une partie du foie est détruite à cause d’une maladie ou d’une lésion, le foie se régénère et retrouve sa taille initiale, mais pas sa forme.
Notre peau, elle, est constamment renouvelée et réparée. Aujourd’hui, un des objectifs de la médecine régénérative est de trouver des moyens de stimuler la régénération tissulaire ou de fabriquer des tissus de remplacement.
Les salamandres et les grenouilles utilisent des cellules souches tissulaires semblables aux nôtres. Pourquoi ces animaux sont-ils capables de régénérer complètement un membre alors que nous formons des cicatrices ?
Les recherches indiquent que les animaux dotés de ces capacités de régénération conservent une sorte de carte à l’intérieur de leurs tissus adultes qui signale aux cellules dans quel tissu elles se trouvent et ce qu’elles sont.
Les mammifères ont peut-être perdu des parties de cette carte, ou leurs cellules souches ont perdu la capacité de la lire.
Les recherches actuelles
Les chercheurs espèrent découvrir quelles informations sont absentes ou inactivées chez les mammifères. Est-il possible de récupérer ces informations pour stimuler les capacités régénératives des cellules souches à des fins d’applications médicales ?
Les cellules souches des animaux tels la salamandre ou le poisson zèbre utilisent des stratégies variées pour reconstituer les parties du corps manquantes à partir de multiples tissus, tels que les muscles, les nerfs et la peau. Si nous arrivons à comprendre les mécanismes et les molécules que ces animaux utilisent pour renouveler les tissus adultes, pourrons-nous appliquer ces enseignements à la régénération ou à la modification de tissus humains ?
(sources : www.eurostemcell.org / www.quebecscience.qc.ca)