On connait la mauvaise réputation de l’halitose, ou « haleine de chacal« , celle qui tue l’amour, qui nous fait tourner la tête, reculer de trois pas, celle de votre chien le matin qui vous empêche de lui faire un calin…(lire sur ce blog les articles « la mauvaise haleine « du 30 avril 2012, l’article « la mauvaise haleine » du 20 juin 2013, « La mauvaise haleine en médecine chinoise du 21 novembre 2013).
L’odorat des chiens
Mais saviez-vous que faire « Aaaah », pouvait être très utile ? En mai 2014 déjà, des chercheurs italiens se sont aperçu que des chiens à l’odorat très développé seraient capables de repérer l’odeur dégagée par certaines cellules cancéreuses. Partant de ce constat, l’Institut Curie a levé des fonds pour développer un projet lancé au printemps dernier: dépister le cancer du sein grâce au flair des canidés. Depuis le mois de septembre 2016, sur un ancien site militaire à Magnac-Laval (Haute-Vienne), deux bergers malinois, Thor et Nykios, exécutent chacun quinze passages par jour dans la salle d’examen où les attendent quatre « trompettes », à l’arrière desquelles sont vissés des bocaux contenant des échantillons fournis par l’Institut Curie. Nykios est ainsi formé à reconnaître les composés odorants du cancer extraits directement de la tumeur de patientes choisies par les chercheurs et imprégnés sur un tissu duveteux. De son côté, Thor exerce son flair sur des tissus qui n’ont été en contact qu’avec la transpiration issue de la peau du sein de patientes malades. « Pour le chien c’est un jeu : je lui apprends à associer sa récompense à une odeur singulière », précise le dresseur.
À plus long terme, les chercheurs souhaitent aboutir à un moyen de dépistage du cancer du sein efficace, peu coûteux et mobile, facile à mettre en œuvre dans des pays sinistrés en matière d’infrastructures et de personnel médical. En 2012, une étude-pilote réalisée en Autriche avait suggéré que les chiens étaient étonnamment doués pour détecter les cancers du poumon grâce à leur odorat, avec un taux de réussite de 70 %.
L’alchimie de notre propre haleine
Des chercheurs du Technion-Israel Institute of Technology, en collaboration avec 56 autres scientifiques dans le monde, ont inventé un procédé à partir d’une puce qui peut détecter jusqu’à 17 pathologies. Dans leur étude, ces derniers expliquent qu’ils ont identifié une « empreinte » chimique pour chacune d’entre elles, ce qui leur a permis de concevoir un dispositif qui filtre les échantillons d’haleine pour établir un diagnostic.
Le souffle expiré contient de l’azote, du dioxyde de carbone, de l’oxygène, ainsi que plus de 100 autres composés organiques volatils (COV), dont la quantité varie en fonction de l’état de santé de la personne. « Dès l’an 400 av. J.-C., Hippocrate disait à ses étudiants de sentir le souffle des patients pour rechercher des indices de maladies comme le diabète qui crée une odeur douce« , explique l’American Chemical Society qui relaie l’étude de ces chercheurs.
Les chercheurs ont développé une gamme de capteurs à l’échelle nanométrique pour détecter des composants dans plus de 2000 échantillons d’haleine de personnes en bonne santé ou qui présentaient l’une de ces 17 maladies comme la maladie de Parkinson ou la maladie de Crohn (maladie inflammatoire du système digestif). Ils ont ensuite utilisé la spectrométrie de masse pour identifier les composants respiratoires associés à ces maladies, et constaté que chacune d’entre elles produit une empreinte chimique volatile unique, basée sur des quantités différentes de 13 composants chimiques.
« Tout comme chacun d’entre nous possède une empreinte digitale qui nous distingue des autres, chaque maladie a une signature chimique qui la distingue des autres maladies et d’un état de santé normal. Ces signatures d’odeurs sont ce qui nous permet d’identifier les maladies en utilisant la technologie que nous avons développée », explique le Pr Hossam Haick qui a dirigé l’étude.
Il ne restait plus qu’à procéder à une classification de ces maladies en utilisant l’intelligence artificielle pour analyser les données obtenues par les capteurs. « Chaque capteur répond à un large éventail de composants d’expiration. Notre système a classé diverses maladies avec une précision de 86%« , ajoute le chercheur.
Le dispositif est ainsi capable de dépister plusieurs types de cancer (poumon, côlon, ovaire, vessie, prostate, rein…), des maladies liées à la fonction digestive (rectocolite hémorragique, syndrome de l’intestin irritable) ou encore la pré-éclampsie. Une découverte pratique qui pourrait à terme permettre aux professionnels de santé de dépister diverses maladies d’une manière non invasive et peu coûteuse avec une grande précision et la possibilité de répéter le test facilement.
De nouveaux appareils
Les appareils analyseurs d’haleine sont dans une phase expérimentale, mais devraient être sur la bonne voie.
Toshiba par exemple, a développé un appareil qui permet déjà d’analyser trois types de gaz : l’acétaldéhyde, l’acétone et le méthane. Le premier serait responsable des maux de tête caractéristiques de la «gueule de bois», après l’ingestion de boissons alcoolisées. Le deuxième serait un indicateur du diabète et des risques d’obésité. Quant au dernier, il serait un bon indicateur pour les problèmes digestifs.
(Sources: lavoixdunord.fr/santemagazine.fr/marieclaire.fr)